REGARDS SUR LA TABLE VERTE
Olga de Soto a choisi de s’intéresser au rapport de ce premier public à l’œuvre originale dans un contexte anxiogène provoqué par l’explosion du nazisme en Allemagne. Mais elle ne s’arrête pas là ! En suivant les nombreuses représentations du ballet jusqu’au XXIe siècle, elle explore la polysémie de la pièce, la relation entre choix d’interprétations et contextes sociaux. En présentant des interviews de public, mais aussi d’artistes, des montages audio et des projections, elle relie d’un fil l’évolution d’une oeuvre, certes éphémères mais dont le parcours reflète l’évolution des mouvements politiques. Un voyage fascinant avec l’art comme boussole…
Guy Schneider, Capturer les instants, Nouvelles Genève, 3 Janvier 2014
Du côté d'Olga de Soto on entre dans l'émotion forte - c'est le travail qui m'a le plus touchée. Trois films pour nous parler d'un spectacle qu'on ne voit pas et pourtant c'est bouleversant.
Pendant six ans, Olga de Soto a collecté dans différents pays des témoignages de spectateurs – ayant vu la chorégraphie à différentes époques – et de danseurs l’ayant interprétée. Quelle trace l’œuvre laisse-t-elle derrière elle ? Selon les personnes interrogées, elle crée un point de résonance entre leur trajectoire personnelle et l’histoire du monde. Du point de vue du visiteur, chaque témoignage lui offre de « renaître » sous une nouvelle forme, singulière et intense, traçant une série de variations comme provoquée par un champ magnétique autour de l’œuvre. (…) Cette exposition genevoise traverse les frontières avec une aisance folle, venant faire écho aux expositions parisiennes de Pierre Huyghe, à Beaubourg, ou Philippe Parreno, au Palais de Tokyo. Comment donner une forme vivante à des œuvres plastiques ou une forme plastique à l'art vivant ? Les tentatives ici présentées transforment de fait l'espace d'exposition en un laboratoire fanstastique où expérimenter nos propres perceptions.
Carine Bel, À la Villa Bernasconi à Genève Le corps à l'œuvre, ArtsHebdoMedias (CH), 19 février 201
Comment garder la trace, sinon le simple souvenir, d'un spectacle ou d'une performance, par définition éphémères, qu'il s'agisse de danse, de théâtre, d'art contemporain ? A cet « art furtif », l'image, ou la voix, redonnent corps, dans une certaine mesure. Sur ce thème, et dans le cadre du festival Antigel, la Villa Bernasconi accueille des artistes de la scène, qui prolongent leurs propres actions via justement des moyens tels que la photographie, le film ou le dessin. Ces artistes, par extraordinaire, sont des femmes, formées en Espagne dans des écoles d'art ou de danse : Esther Ferrer, La Ribot, Olga de Soto, Olga Mesa. L'exposition aborde enfin la thématique du corps, qui vit et se meut aujourd'hui et maintenant, et dont subsistent des images, demain et pour les années à venir…
Laurence Chauvy, Un temps sur mesure, Le Temps (CH), 19 février 2014