© Grégoire Romefort

© Grégoire Romefort

Après s’être plongée, avec son spectacle histoire(s), dans les souvenirs gardés par des spectateurs ayant assisté à la première du Jeune Homme et la Mort, le 25 juin 1946, au Théâtre des Champs Elysées à Paris, Olga de Soto poursuit ce travail sur l’histoire et la perception de la danse, en suivant cette fois les traces de La Table Verte, œuvre mythique du chorégraphe allemand Kurt Jooss, créée en 1932, quelques mois seulement avant qu'Hitler n'accède au pouvoir en Allemagne. Ce ballet en huit tableaux pour seize danseurs, inspiré par une danse macabre du Moyen-Âge, est considéré comme une des œuvres les plus politiquement engagées de l'histoire de la danse du XXème siècle. Spectacle emblématique par les thèmes qui y sont abordés (la montée du fascisme et la guerre), empreint du climat trouble de la période qui précéda la Seconde Guerre Mondiale et, en somme, “visionnaire” face à la réalité sombre d'une époque.

Durant le chemin parcouru, certaines questions se sont affirmées : Quelles traces restent dans la mémoire de ceux qui ont réalisé un spectacle il y a longtemps ou de ceux qui, par leur travail, permettent qu'il continue d'exister aujourd'hui ? En quoi consiste le travail de transmission ? Qu'est-ce qu'être interprète ? Quels sont la place et le rôle des interprètes dans l'histoire de la danse ? Comment évolue une œuvre au sein de sa propre histoire ? Et au sein de l'Histoire ? Quel est l'impact d'une œuvre politiquement engagée dans la mémoire d'un public ?

Une Introduction, est le premier volet né de cette recherche. Un moment d'ouverture et de proximité avec les spectateurs, destiné à accorder autant d’importance au partage du processus de création qu’à l’aboutissement de l’œuvre. La chorégraphe y présente l'avant et l'après spectacle, c'est-à-dire son processus de questionnement et son empreinte. Elle interroge l'histoire de La Table Verte, exposant sur scène ce qui habituellement reste en marge. Et c’est dans ce désir de partage qu’elle œuvre tout au long de cette performance documentaire, retraçant un processus de travail complexe, truffé de questionnements et de développements, de pistes esquissées et suivies lors d’un travail de documentation qui tient de la vraie enquête. La chorégraphe pose ainsi également la question de l'archive, tout en mettant en jeu une partie des documents récoltés, donnant une autre dimension à cette matière qui fait partie de la mémoire collective.

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