AUTRE
Autre, la première créée des pièces courtes composant anarborescences, pourra être différemment interprétée à chaque représentation : soit par deux hommes, soit par deux femmes, soit encore par une femme et un homme. Dans le premier cas, deux hommes remplaceront-ils deux femmes ? Plutôt s'agirait-il d'un terrain intermédiaire où la question du "genre" se métamorphose et s'estompe. Olga de Soto parle d'un lieu de convergence. Celle des langages et de leurs densités multiples : Assonance IV de Michaël Jarrell livre, par son seul titre, les clés de ces nouveaux accords où l'alliance (l'alliage ?) pourrait nous parler à la fois d'hybridation, fût-elle sexuelle, et de réunion.
Le troisième duo, Autre, nouvelle création et première pièce du programme anarborescences, poursuit sa recherche sur les langages du corps et des codes. (…) Sur une scène mouchetée de points blancs et devant trois grand panneaux également mouchetés, les deux danseuses vont cette fois directement s’affronter : jusqu’alors, elles se mouvaient en parallèle, chacune dans son espace créé par et pour elle. Là, elles s’observent, se jugent, se toisent : elles parcourent la scène sans se quitter des yeux. Jusqu'au choc : alors chacune devient le moteur de l’autre, pour ne plus former qu’un seul corps, qu’une seule dynamique, qu’un seul geste.
Aurélie Noirclere, Olga saute aux yeux, Les Saisons de la Danse, 1999
… Qu'il s'agisse du duo autre ou du quatuor ... des rhizomes..., la danse semble pénétrer la matière musicale pour l'incarner. Le son se fait corps, inscrivant dans l'espace une gestuelle ferme et souple, souvent suspendue comme dans un arrêt sur image. Mêmes immobiles, les danseurs sont happés dans un mouvement global continu qui fait chatoyer la composition musicale. S'arc-boutant sur le silence pour mieux faire jaillir la nécessité de la musique, Olga de Soto orchestre d'un interprète à l'autre une conversation elliptique dont la sensualité ne se départ jamais d'une tenue rigoureuse.
Rosita Boisseau, Iles de danses, Un Festival d'atypiques, Le Monde, 3 Décembre 1999
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