Dans le duo autre, le développement des phases chorégraphiques est dominé par la notion de distance. Au début, la distance sépare, sépare les corps. L’évolution des deux personnes à travers l’espace crée une confrontation de gestes. Ceux-ci sont issus de mouvements rapides pour l’un, lents et retenus pour l’autre ; légers et aériens pour l’un, denses et terriens pour l’autre. Les différents temps se superposent ensuite, et les mouvements se polarisent, en même temps que la distance se réduit au moyen du regard que chacun pose sur l’autre. Cette distance est rapetissée dans une tentative de rapprochement progressif des corps, et minimisée par la langueur du chant de l’instrumentiste et les lignes mélodiques qui en résultent. Cette voix cède la place à une stabilité harmonique et à une désagrégation des évocations rapides, irrémédiablement absorbées par la rencontre.
Ici c’est l’intermédiaire qui importe, l’entre deux, la distorsion, l’écart, le déplacement sémantique entre l’un et l’autre.
Assonance IV est divisée en quatre sections, caractérisées par une longue densification et une brève élimination dans les deux premières parties, et par une recherche du statique, une quête d’équilibre, mémoire ou trace du mouvant, dans les deux dernières. Dans la composition s’allient austérité et dépouillement, et s’alternent sons secs et graves, issus de gestes instrumentaux qui paraissent être visibles à l’écoute, et une sorte de suspension limpide et aérienne, seulement interrompue par les accélérations hâtives et fulgurantes des deux instruments. Sur un autre plan, le son vivant semble s’altérer, se paralyser, se fossiliser, pris dans une sorte d’écho, qui semble surgir comme une trace de vie.