La première chose qui m’avait frappée en écoutant la composition de Frederic Rzewski Winnsboro Cotton Mill Blues était cette succession violente d’accords, se modulant et se transformant, explosant et se propageant, tout en se ramifiant en un tissu qui semblait fait de réminiscences, de traces laissées, points potentiels de nouveaux départs. La succession d’accords crée des sortes de blocs verticaux, compacts, dans la première partie, puis mènent vers une sorte d’explosion (implosion) évolutive, du centre vers l’extérieur, symétriquement : une ramification des sons. Les notes se multiplient et les pianistes passent du jeu des accords avec les doigts collés, à la séparation de ceux-ci jusqu’au plus grand écart, et puis, des doigts écartés à la mise en jeu de tout l’avant bras, coudes et mains inclus.
Dans ces évolutions, le désir de travailler à partir de la transposition de l’espace horizontal du clavier et des partitions, au vertical de l’axe du corps, s’est concrétisé en base de travail pour la création de ce duo.
Olga de Soto